par Kévin Arrouet
Les Bulbophyllum : aventures botaniques et voyage olfactif
Le plus grand genre d’orchidées au monde
Le genre Bulbophyllum est le plus grand genre d’orchidées en nombre d’espèces, devant les Epidendrum et les Dendrobium pourtant bien plus populaires ! Ses plus de 2 300 espèces connues actuellement sont réparties dans divers habitats des régions chaudes du globe.
L’étymologie du nom Bulbophyllum vient du grec bolbos, qui signifie « bulbe » et de phyllon, « feuille », faisant référence aux pseudobulbes qui ne portent généralement qu’une seule feuille en leur sommet. Le genre a été décrit par le botaniste Français Louis-Marie Aubert du Petit-Thouars, en 1822. Ce sont des espèces épiphytes ou lithophytes, c’est-à-dire qui poussent sur d’autres plantes ou les rochers.
Le centre de diversité de ces orchidées se trouve dans les forêts montagnardes de Papouasie-Nouvelle-Guinée, comptant plus de 600 espèces. C’est là-bas que semble se situer leur berceau évolutif, bien que ce genre soit aujourd’hui pantropical et répandu à travers le monde. On les trouve ainsi dans les régions tropicales et subtropicales d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Océanie.
Une « conception » ingénieuse
La diversité de leur taille est impressionnante : elle va de quelques millimètres seulement pour Bulbophyllum minutissimum et Bulbophyllum moniliforme, qui figurent parmi les plus petites orchidées au monde, à plus d’un mètre de long pour le Bulbophyllum phalaenopsis.
Les tiges des Bulbophyllum se composent d’un rhizome rampant et de pseudobulbes, sortes de tiges renflées. Leurs racines fines s’ancrent sur la surface des arbres ou des rochers. Au sommet de chaque pseudobulbe se développe une, plus rarement deux feuilles charnues et coriaces, et de une à plusieurs fleurs s’alignent le long d’une tige florale surgissant depuis la base du pseudobulbe lorsqu’il a fini sa croissance.
La forme de la fleur possède une structure de base qui permet d’identifier ce genre, mais cette forme peut être très diverse : simple ou composée, avec une seule fleur ou de nombreuses fleurs, disposées en spirale ou sur deux rangées verticales… Les sépales et les pétales peuvent également varier considérablement. Le labelle est souvent charnu, courbé et articulé à la base de la colonne. Son articulation a un but précis : une fois l’insecte posé et attiré par le centre de la fleur, il est vivement plaqué contre la colonne, entrainant le retrait ou le dépôt des pollinies, amas de pollen présents chez les orchidées, et complétant ainsi la pollinisation de la fleur. Sous notre climat, la floraison intervient à divers moments de l’année, avec un pic entre l’hiver et le printemps.
Une odeur redoutée
Mais ce qui vient à l’esprit des passionnés d’orchidées lorsqu’on évoque les Bulbophyllum, c’est leur odeur. En effet, leur floraison dégage diverses odeurs, ressemblant parfois à de la sève, de l’urine, du sang ou du fumier, avec en tête l’odeur typique de carcasses en décomposition qui a pour objectif d’attirer des mouches, qui les pollinisent. L’odeur de quelques espèces telles que Bulbophyllum beccarii et Bulbophyllum fletcherianum est même désagréable au point que l’on dit qu’il est difficile de pénétrer dans une serre où ces plantes sont cultivées en pleine floraison à cause de leurs parfums floraux puissants. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre ! Heureusement, il faut la plupart du temps s’approcher de la fleur pour remarquer l’odeur, et toutes les espèces n’empestent pas : Il y en a qui répandent un parfum fruité doux et agréable pour attirer des mouches à fruits.
Les Bulbophyllum en culture
Les Bulbophyllum ont une appréciation assez particulière auprès des orchidophiles. Ils sont pour la plupart redoutés en raison de leur odeur pestilentielle et boudés des collectionneurs qui les cultivent parfois plus pour l’attrait botanique que pour la beauté des fleurs. Heureusement, la plupart des espèces que l’on trouve chez les producteurs d’orchidées se cultivent relativement facilement en intérieur ou en véranda. Une serre ou un terrarium permettront toutefois une culture plus optimale pour ces orchidées tropicales. Si la curiosité vous pique, voici quelques recommandations pour prendre soin de ces orchidées.
Quelle que soit l’espèce que vous cultiverez, la lumière aura un rôle crucial dans son développement. Placez les Bulbophyllum près d’une fenêtre pour qu’ils bénéficient d’une bonne luminosité, mais évitez l’exposition directe au soleil en les protégeant d’un léger voile.
Les besoins en température des Bulbophyllum peuvent varier considérablement d’une espèce à l’autre. N’hésitez pas à vous renseigner lors de l’achat, vous saurez ainsi lesquels vous pourrez cultiver en intérieur, et ceux qui se plairont mieux en serre chaude ou en serre tempérée.
En ce qui concerne l’arrosage, arrosez-les généreusement toute l’année, mais réduisez légèrement en hiver lorsque les jours sont moins longs et lumineux. Les Bulbophyllum n’ont pas de période de repos marquée. Pour savoir à quel moment les arroser, observez le poids du pot : une fois que le substrat est sec et que le pot est léger, il est temps de les hydrater. Veillez cependant à éviter toute stagnation d’eau qui pourrait endommager leurs racines fragiles.
Pour les rempoter, utilisez de préférence des pots larges et peu profonds et des coupes, dans lesquels leurs rhizomes pourront courir et être manuellement redirigés sans en déborder trop rapidement. Un substrat à base d’écorces moyennes avec un peu de sphaigne ou de mousse polyuréthane convient parfaitement à la plupart des espèces.
La culture sur plaque est conseillée pour les petites espèces. Si vous optez pour ce mode de culture, assurez-vous d’avoir une humidité ambiante suffisante, de préférence dans une serre ou un terrarium. Dans ce cas, plusieurs arrosages par semaine sont essentiels pour maintenir une croissance optimale.
Enfin, n’oubliez pas d’apporter de l’engrais. Une fertilisation entre le printemps et l’automne est recommandée, mais n’arrêtez pas de fertiliser si la plante continue sa croissance en hiver.
Vous voilà maintenant initiés aux secrets exotiques des Bulbophyllum ! Pour vous faire découvrir ce genre très diversifié, nous avons confectionné à travers ce calendrier un petit florilège présentant la multiplicité de ces orchidées. Nous remercions Yves Véniat de Ryanne Orchidée pour le prêt des photos.
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